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jeudi 24 mars 2011

Entretien avec Sabbat Nazaire



« J’étais fâché contre le régime en place» 
"Papi Sabbat Nazaire"
Nazaire AKPOVI, Sabbat Nazaire affectueusement appelé « son excellence » est née à Dassa dans le département des collines. Après l’obtention de son BAC, il a fait des études d’économie financière et budgétaire  à l’université d’Abomey calavi dans les années 1987, où il obtint sa maitrise. Il se rendit plus tard en côte d’ivoire où il reçut une formation en musique et en production. Il compte à son actif plusieurs albums dont le dernier « dobodoé » de 8 titres qui attend d’être lancé. Militant de la mouvance, Sabbat Nazaire fait un zoom sur l’état de la culture béninoise. 
 
 Pouvez-vous nous parler de la sortie de votre album il y a quelques semaines ?
Je vous remercie pour l’occasion que vous me donnez pour m’exprimer. Tout d’abord laissez-moi vous dire que j’étais fâché contre le régime en place car les actions menées vis-à-vis de la culture n’ont pas évolué. Pour revenir à votre question, je n’ai pas fait le lancement d’un album. Ce n’est qu’une présentation que j’ai faite, le lancement se fera quand les mesures drastiques seront prises pour réduire la piraterie dans ce pays.
On aurait appris que la réalisation de cet album a coûté une fortune, comment ? Et combien ?
Réaliser un album n’est pas une mince affaire, et pour avoir un produit que le consommateur puisse apprécié il faut débourser les moyens qu’il faut. Ainsi pour l’enregistrement d’un album, les musiciens et les choristes sont payés par morceau. Vous voyez tout ce que cela peut engendrer comme dépenses. En plus de cela, j’ai fait venir un ingénieur de son de la France, il a séjourné au Bénin pendant un mois rien que pour travailler sur le disque. Le mixage et le masteuring ont été faits par lui afin qu’on ait un bon produit sans parler des clips vidéo qui coûtent en moyenne 500.000f. C’est pour dire que plusieurs millions ont été engloutis dans la production de cet album. Je dirai exactement 30.000.000 millions, sinon plus. Alors comprenez que je ne veuille pas faire le lancement de l’album de si tôt.
Votre maison de production a fermé sa section distribution a-t-on appris, qu’est ce qui se passe vraiment ?
Mais la raison est toute simple, à cause des pirates. Vous imaginez un instant, l’artiste s’efforce pour sortir son produit et un individu quelconque reproduit les mêmes CD qu’il vend à un prix misérable. Mais au bout du compte, on est obligé de fermer, tant qu’une politique ne sera mise en place pour lutter contre ceux là.
Lors de la présentation de votre dernier né, un important parterre d’hommes politiques y était. Est ce à dire que vous êtes opposant ?
Merci pour cette question. Comme je l’avais dit si haut, j’étais fâché contre le régime en place. Vous savez je suis au regret de vous le dire. Le Bénin n’a pas encore un ministère en charge de la culture, et c’est ça seul qui me fâche. Quand le ministre Toléba était aux affaires, il avait entrepris des réformes histoire d’uniformiser les prix des CD. Ce qui nous a motivé nous autres producteurs et artistes à le soutenir et à continuer la lutte. En ce moment ma maison de production Diaspora de Sabbat a engagé 20 artistes pour leur production, mais en son temps il a été sauté au moment ou les choses commençaient à prendre. Et tout est resté au statu quo. Donc, comprenez ma colère car aujourd’hui la piraterie a été légalisée et ce sont nous autres artistes qui en souffrons ; comment se fait il qu’un individu vienne dans le show biz et décide de ne pas mettre de timbre sur les produits et on le laisse tranquille ? Dans quel pays sommes-nous où les artistes se font arnaqués sans que personne ne pipe mot ? Donc je ne peux être que contre un système qui ne nous fait pas avancer et même s’il arrivait que ce système parte et que ceux qui vont arrivés ont le même comportement, cela ne servirait à rien de sortir un album.
Quelles solutions préconisez-vous pour le développement du secteur quand on sait que les pirates dictent la loi ?
La solution elle est toute simple. Allez au ministère de la défense par exemple ce sont des civils qui sont nommés le plus souvent mais dans l’exercice de leurs fonctions, ils prennent le temps de se faire entourer des corps avertis de l’armée afin de bien s’imprégner. C’est pour dire simplement tant qu’on ne va pas nous associer nous acteurs culturels, la culture sera toujours au point de départ. Ce n’est pas que je veux qu’on me  nomme ministre et ce n’est pas que je n’ai pas la compétence mais il faudrait que nous allions de l’avant.
Hier vous étiez très amer avec le régime en place. Mais on apprend dans les coulisses que vous faites campagne au président Yayi.
Les informations vous parviennent aussi vite que çà ? Effectivement, je suis actuellement en tournée dans le Bénin pour le compte du président Yayi Boni. Ainsi, avec les ministres Christine OUINSAVI à Kétou. A Covè avec Roger DOVONOU ; Dassa aux côtés du ministre Nicaise FAGNON. J’ai un concert en vue avec madame  Christelle HOUNDONOUGBO à Soclogbo ; le ministre ADADJA et le recteur AWANOU m’auront à leurs côtés à Savalou. Le problème est que je n’ai rien contre le gouvernement mais je ne suis pas d’accord avec la gestion qui est faite de la culture. Donc si je peux me battre pour un ouf de soulagement dans le secteur, je le ferai.

Autrefois, vous étiez un raggae man, un artiste très engagé. Mais depuis votre « come back » vous êtes devenu très religieux, qu’est ce qui explique cette métamorphose ?
Je n’ai pas changé de style, je fais toujours du raggae et qui dit rasta dit spiritualité. Car le vrai rasta c’est celui là qui a une grande dimension spirituelle. Donc il me serait impossible de changer de style surtout quand on sait que cela est une passion pour ma personne.

Quelle a été la période noire de votre vie ?
La période noire de ma vie a été l’année où je suis allé en prison ; c’est en 1996. En ce moment j’avais raccroché avec la musique pour m’adonner à la vente de voiture d’occasion vu la stabilité économique portuaire. Et ce n’est qu’en ce moment que les problèmes liés à la béninoiserie ont commencé. Cela c’est passé avec un fameux commissaire qui m’avait volé deux véhicules, m’a envoyé en prison pour deux semaines pendant qu’il pensait que j’allais faire cinq, mais il a été découvert à temps et m’a remplacé à la prison.

1 commentaire:

  1. L'argent peut avoir raison de l'homme. sinon comment comprendre que celui qui défendait la cause culturelle a pu aussi vite changé de veste. au final rien de concret dans le propos recueilli. un peu de serieux peut tuer si le ridicule ne tue pas.

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