Il se développe de par le monde un vaste marché parallèle capable de dupliquer l’œuvre d’un artiste de la mettre à nouveau sur le marché à coût réduit. Ce phénomène appelé piraterie s’incruste de plus en plus au Bénin. Toute chose qui porte à croire qu’aucun organe n’est en charge de la culture mieux qu’il n’existe un bureau de droit d’auteurs dans le pays.
Autres que dans le maritime, le mot pirate est utilisé aussi dans différents contextes : le « pirate de la route », que l'on appelait autrefois « voleur de grand chemin », le pirate informatique (hacker) qui est un individu s'adonnant à des détournements de fonds effectués par Internet, ou une personne qui fait de la contrefaçon d'œuvres de l’esprit. On parle parfois de pirates dans le cas d'actes politiques et terroristes : c'est le cas des pirates d’aire. Toutefois, il s'agit ici d'une déformation du sens de pirate car il s'agit d'actions terroristes, politiques et non de crimes de droit commun. Plus récemment, on évoque le cas des bio pirates, qui manipulent le vivant en dehors de tout cadre légal, souvent dans des laboratoires clandestins, afin de modifier certaines caractéristiques des espèces vivantes ou d'en créer de nouvelles. Mais le cas qui nous préoccupe le plus aujourd’hui est celui de la contrefaçon des œuvres artistiques et culturelles. Tout, en effet, porte à croire que si l’on n’y prend garde, cette entreprise de paupérisation des artistes s’enracine dans la société. En effet, la technologie évoluant, des œuvres d’artistes sont enregistrées et vendues à l’insu des auteurs compositeurs.
Sans consentir d’effort dans l’enregistrement encore moins dans la composition, les pirates amassent beaucoup d’argent sur le dos des artistes en toute illégalité. L’artiste vivant de son œuvre, il est temps que ce vaste marché soit démantelé et que ceux qui l’entretiennent soient traduits en justice afin de répondre de leurs actes criminels. C’est désolant que l’on se retrouve constamment face des cas d’artistes en danger que l’on doit sauver ou encore voire des artistes qui végètent dans la misère, parce que les pouvoirs publics n’avaient pas prévu des mécanismes dynamiques pour leur permettre de tirer profit de leurs œuvres.
Car ce fléau -engendre une pauvreté générationnelle dans la lignée de l’artiste. Ses héritiers ne pouvant, de ce fait, se réjouir du fruit du travail abattu par leur parent durant toute sa vie active. En somme, il est temps que l’Etat mette en place des mécanismes forts pour envisager la réhabilitation de la situation sociale de l’artiste. Au Bénin, l’heure n’est pas encore à la lutte contre la piraterie des œuvres d’esprit. Il est permis de voir les Cd piratés circulés librement sans crainte d’une probable répression. Et pourtant ! Les artistes béninois voient leurs droits leur échapper dans le contexte du marché parallèle. La où le bat blesse, c’est lorsqu’on voit que la piraterie étend ses ramifications au point de devenir préoccupante à l’échelle mondial.
Dans d’autres pays de la sous région des efforts sous fournis par le pouvoir public pour un lendemain meilleur dans le monde des artistes et acteurs culturels. C’est le cas du Burkina Faso où les artistes africains ont demandé le soutien du président du Faso, afin de lutter contre la piraterie. Ceci dans une déclaration qu'ils lui ont remise le lundi 5 avril 2010. Les vedettes présentes à Ouagadougou dans le cadre des Koras Awards ont demandé à Blaise Compaoré d'être leur ambassadeur auprès des autres chefs d'Etat africains afin que la question de la propriété littéraire et artistique soit inscrite comme une des préoccupations majeures de l'Union africaine. En contre partie celui-ci a exhorté les artistes à toujours créer des produits de qualité et surtout à les protéger. Il a aussi insisté sur la nécessaire organisation des artistes pour gagner le combat. «On ne va pas à un combat sans plan. Il faut organiser les forces, car notre combat sera vain si nous ne nous organisons pas. L'Afrique doit se constituer en muraille contre la piraterie», a-t-il indiqué en son temps. Voilà qui est bien pensé dirions-nous. Partant du constat que la piraterie, le hacking, cracking se développent au travers de l’internet, le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) a rendu public une étude, réalisée par Philippe Chantepie, qui fait le point et propose des évolutions législatives et réglementaires en matière de lutte contre la contrefaçon dans le domaine numérique. Rien de tout ceci n’a pu enrichir l’intelligence de nos dirigeants. L’Association nationale du théâtre populaire du Congo (ANTC) a profité de la journée du samedi 26 mars 2011, date consacrée à la célébration de la journée mondiale du théâtre, pour sensibiliser ses membres autour de la question liée aux droits d’auteur dans le monde du théâtre. Mais force est de constater que dans notre pays cette journée est passée sous silence, actualité politique oblige ! Sous d’autres cieux d’aucuns pensent que les artistes seraient les propres fossoyeurs de leur art. Pour que ceci puisse vraiment changer il faut déjà, penser à la création d'un observatoire africain de la propriété littéraire et artistique paraît comme l'une des premières mesures de lutte contre la piraterie à l’échelle régionale ; doter la brigade antifraude des prérogatives nécessaires pour véritablement livrer une bataille sans merci aux fossoyeurs des œuvres de l’esprit sans oublier le rôle prépondérant du pouvoir législatif. Il est temps que chacun fasse son travail dans la lutte contre le pillage des œuvres culturelles et artistiques. La piraterie n’a pas sa place dans la société béninoise, vivement que l’artiste vive de son art !
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